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Histoire - Service des Juifs canadiens au cours de la Seconde Guerre mondiale

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Mobilisation sur le front intérieur

Une page de Héros de guerre juifs célébrant l’héroïsme du <em>capitaine d’aviation Sydney Shulemson. Image gracieuseté de CJCCCNA

Une page de Héros de guerre juifs célébrant l’héroïsme du capitaine d’aviation Sydney Shulemson.
Image gracieuseté de CJCCCNA

De nombreux chefs religieux et politiques juifs du Canada encouragèrent les jeunes membres de leur communauté à servir en uniforme pendant la Seconde Guerre mondiale. Ils eurent recours à diverses stratégies, allant d’exhortations publiques et privées aux efforts créatifs de sensibilisation dans les médias. Le Congrès juif canadien, un groupe de défense influent qui allait être actif au sein de notre pays pendant près d’un siècle, établit ses propres bureaux de recrutement à Toronto et à Montréal et fit également connaître des récits héroïques de militaires juifs sur les champs de bataille. En 1944 et 1945, il publia même une série de bandes dessinées intitulées Jewish War Heroes, dans l’espoir qu’elles intéresseraient particulièrement les garçons et les jeunes hommes. En fin de compte, il y eut trois éditions de cette publication unique, chaque numéro contenant huit pages d’histoires passionnantes qui mirent en lumière l’héroïsme bien mérité des militaires juifs combattant aux côtés des forces alliées.

Il existait aussi d’autres formes de pressions, moins publiques, pour s’enrôler; avec de la parenté vivant souvent en Europe occupée, la guerre lointaine ne semblait pas aussi éloignée qu’elle aurait pu l’être pour d’autres Canadiens. En raison de ce lien, l’appel au service ressenti par de nombreux Canadiens juifs pouvait être très personnel. Alors que la plupart d’entre eux allaient servir dans l’armée de notre pays, des hommes comme William Nelson (un pilote élite de la Royal Air Force britannique) et Robert Mirvish (un officier radio de la marine marchande américaine) se joignirent aux forces des autres pays alliés.

Plus d’un million de Canadiens servirent sur terre, en mer et dans les airs durant la Seconde Guerre mondiale. Comme leurs compatriotes non-juifs, environ 39 à 40 pour cent des hommes juifs remplissant les conditions requises décidèrent de s’enrôler. Quelque 280 femmes juives canadiennes servirent également en uniforme et comme leurs homologues masculins, elles le firent pour des raisons à la fois patriotiques et personnelles. Certaines d’entre elles, dont Sue (née Westheimer) Jacobs Ransohoff et Esther (née Bubis) Thorley, avaient perdu un mari ou un frère pendant la guerre et voulaient ainsi « prendre leur place » dans la lutte contre cet ennemi cruel. Bien que les femmes canadiennes n’aient pas pu servir dans des rôles de combat pendant le conflit, certaines jeunes femmes juives furent déployées à l’étranger pour appuyer les efforts des Alliés en Europe, ce qui les rapprocha de l’action ennemie et du danger qui en découlait.

La contribution juive aux efforts de guerre de notre pays ne se limita pas au service en uniforme. Comme tant d’autres Canadiens, des membres de l’ensemble de la communauté juive se rassemblèrent pour s’engager sur le front intérieur et bon nombre d’entre eux achetèrent des obligations de guerre pour aider à financer les lourdes dépenses du gouvernement en temps de guerre, ainsi que pour réunir des fonds afin d’appuyer les hommes et les femmes qui allaient servir à l’étranger d’autres façons. La communauté juive du Canada se chargea de meubler les baraques récréatives des hommes dans toutes les bases militaires du Canada et de Terre-Neuve, y compris en y mettant des équipements comme des tables de billard, des radios, des magazines, des stands de cigarettes et du mobilier. Sous la direction du capitaine Gurston Allen, dont la famille travaillait dans l’industrie cinématographique, le Comité de l’effort de guerre du Congrès juif canadien mit sur pied une unité cinématographique chargée de fournir des films pour les programmes d’instruction des militaires et aussi pour le divertissement. Samuel Bronfman, président de Seagram et président du Congrès juif canadien, fit don d’un yacht à la Réserve de la Marine royale canadienne pour l’instruction. Il fut baptisé NCSM Montréal II.

Les frères Olfman en uniforme pendant la Seconde Guerre mondiale (de gauche à droite) : Abraham, Jack, Solomon, Maurice et Hymie). Photo : Réseau du patrimoine juif canadien

Les frères Olfman en uniforme pendant la Seconde Guerre mondiale (de gauche à droite) : Abraham, Jack, Solomon, Maurice et Hymie).
Photo : Réseau du patrimoine juif canadien

De nombreux Canadiens mettaient une touche populaire et personnelle en envoyant des colis réconforts contenant des aliments savoureux, des chaussettes chaudes, des cigarettes, des livres et d’autres gâteries pour égayer les journées des militaires loin de leur foyer. La communauté juive, encouragée par le Congrès juif canadien, veilla à ce que ses membres en uniforme reçoivent des articles supplémentaires particuliers, comme du salami casher et des brochures juives. Il est difficile de quantifier l’impact de ce genre de soutien personnel, mais William Rosenthal, un soldat montréalais de 20 ans, écrivit une note de remerciement pendant la guerre sur laquelle on peut lire : « Je, ou plutôt nous nous demandons parfois si vous réalisez tout ce que recevoir vos cadeaux représente pour nous. Recevoir du courrier de votre part, c’est comme revoir ce sceau casher encore une fois. Vos lettres et vos cadeaux nous font chaud au cœur, comme si le soleil n’avait jamais autant brillé pour nous. Vous entendre, c’est comme sentir le souffle du printemps ».

Un nombre considérable de Canadiens juifs se portèrent également volontaires pour travailler sur le front intérieur dans les industries liées à la guerre en pleine expansion. Avec un si grand nombre de jeunes hommes partis servir en uniforme, des gens de tous les milieux durent combler le grand vide laissé dans la main-d’œuvre afin de produire les armes, les munitions, les navires de guerre, les avions et les autres équipements importants qui étaient nécessaires pour gagner la guerre. Norman Kendall, par exemple, participa à la construction d’avions à l’usine de Havilland à Toronto avant de se joindre à la Force aérienne et George Shnier, d’Emerson, au Manitoba, se chargea de diriger la société Gesco à Toronto, qui fournissait du caoutchouc mousse pour la fabrication de réservoirs. Il faisait sa part dans l’effort de guerre familial qui vit aussi trois de ses frères, Clifford, Norman et Jack, servir en uniforme.

Le saviez-vous?

De nombreuses grandes familles juives canadiennes virent plusieurs de leurs enfants s’enrôler pendant la Seconde Guerre mondiale. Nathan Feinstein et son frère cadet Sam d’Inverness, en Nouvelle-Écosse, y perdirent tous deux la vie. Cinq frères de la famille Olfman de Kamsack, en Saskatchewan, servirent également. Six frères de la famille Weiss de Montréal s’enrôlèrent, tandis que six fils et une fille de la famille Hurwitz de Montréal portèrent également l’uniforme. Les Masers d’Ottawa comptaient également sept frères et sœurs qui prirent la décision de s’enrôler pendant le conflit.

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