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Histoire - Service des Juifs canadiens au cours de la Seconde Guerre mondiale

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Service dans la Marine

Environ 100 000 hommes et femmes servirent dans la Marine royale canadienne pendant la Seconde Guerre mondiale. Moins de 600 d’entre eux étaient membres de la communauté juive, soit moins de 0,6 pour cent de l’effectif total de la Marine. La Marine s’avéra être le corps de l’Armée canadienne dans lequel les Juifs ont le moins souvent servi, ce qui reflétait les politiques officielles et officieuses de l’époque qui avaient tendance à décourager le recrutement de personnes d’origine non britannique. Très souvent, un marin juif se trouvait être le seul juif à bord de son navire de guerre.

Le NCSM Athabaskan durant la Seconde Guerre mondiale. Photo : Musée impérial de la guerre A-22987

Le NCSM Athabaskan durant la Seconde Guerre mondiale.
Photo : Musée impérial de la guerre A-22987

Ceux qui persévérèrent pour s’enrôler dans la marine eurent droit à des services variés. Beaucoup, comme Gerald Rosenberg de Hamilton et Israël "Ichy" Glassman de Montréal, naviguèrent à bord de navires de guerre de la Marine royale canadienne, assurant la tâche difficile d’escorte des convois marchands de l’Atlantique Nord entre l’Amérique du Nord et l’Europe. Le service dans la bataille de l’Atlantique pouvait être extrêmement dangereux car les sous-marins allemands (connus sous le nom de U boot) étaient constamment à la recherche de navires alliés à couler afin d’interrompre l’apport vital d’hommes et de ravitaillement à travers l’océan vers la Grande-Bretagne. Certains marins juifs, comme le frère de Moe Hurwitz, Harry Hurwitz de Montréal, servirent également sur le très périlleux passage de Mourmansk, lequel voyait des navires de guerre escorter des convois de navires de transport vers les ports glacials de l’Arctique soviétique afin d’aider notre allié enfermé dans un combat à mort sur le front de l’Est.

Même lorsque les U-boot n’étaient pas sur les lieux, les marins ne pouvaient jamais baisser leur garde sur un océan Atlantique instable. Les mers étaient souvent agitées, surtout l’hiver, et malmenaient les corvettes relativement petites qui constituaient la plus grande partie de la flotte de la Marine royale canadienne. Le brouillard épais aggravait les risques, et les collisions avec les autres navires dans leurs convois constituaient un danger constant. Lorsque les navires coulaient, les enjeux étaient considérables; l’Atlantique pouvait être si glacial que la mort due au froid survenait en quelques minutes pour tout marin malheureux se retrouvant plongé dans l’eau.

Alex Polowin d’Ottawa se souvient avoir servi à bord du destroyer NCSM Huron pendant une attaque contre des navires allemands lancée par une demi-douzaine de navires de guerre canadiens et britanniques dans la Manche au mois d’avril 1944. Un torpilleur allemand fut coulé et deux autres endommagés. Pourtant, sur le chemin du retour au port en Angleterre, le Huron fut accidentellement percuté par le NSM Ashantide de la Royal Navy. Le destroyer endommagé réussit cependant à retourner en toute sécurité à Plymouth pour y être réparé, et celui-ci retourna au combat pour le jour J.

Le fait d’être coulé par un sous-marin allemand pouvait également avoir d’autres conséquences dangereuses. Harry Hurwitz survécut au naufrage du NCSM Athabaskan lorsque le destroyer canadien fut torpillé au large des côtes françaises le 29 avril 1944. Il fut fait prisonnier par les Allemands, mais pas avant d’avoir jeté son collier avec l’Étoile de David et son portefeuille contenant des prières juives. Il passa le reste du conflit en captivité comme prisonnier de guerre, mais il réussit à cacher son identité religieuse aux gardes. Il participa à diverses activités de résistance des prisonniers alliés dans son camp, y compris en mettant subrepticement de la terre dans le café des officiers allemands.

Quelques marins juifs participèrent à d’autres tâches en mer pendant la guerre. Celles-ci incluaient notamment les opérations navales qui eurent lieu aux alentours du jour J, soit le 6 juin 1944. Par exemple, une massive flotte alliée emmena des soldats sur les plages de Normandie, en France, alors que la libération de l’Europe occidentale avait finalement commencé. Les navires canadiens, avec des membres d’équipage juifs comme Maurice Novak de Montréal, jouèrent des rôles intéressants, comme celui d’escorter les remorqueurs alliés tirant les grands éléments préfabriqués du port artificiel « Mulberry » à travers la Manche après le débarquement du jour J.

On compte parmi les marins juifs canadiens décorés pour leur courageux service, l’officier marinier Irv Kaplan (disponible en anglais) de Montréal, lequel fut cité à l’ordre du jour pour ses efforts lorsque le NCSM Valleyfield coula au sud de Terre-Neuve en mai 1944. Il fut de nouveau cité à l’ordre du jour lorsque son nouveau navire, le NCSM Assiniboine, coula trois chalutiers armés allemands au large des côtes françaises en août 1944. L’officier marinier Max Abramson de Calgary est un autre marin juif canadien décoré. Il fut cité à l’ordre du jour pour avoir aidé le NCSMSt Croix à couler un sous-marin allemand dans l’Atlantique en juillet 1942.

Les dangers du service en mer persistèrent jusqu’à la fin de la guerre en Europe, et les marins juifs se retrouvèrent au cœur de l’action jusqu’à la fin. Ralph Zbarsky, de Saskatoon, était membre d’équipage à bord du NCSM Esquimalt lorsque le dragueur de mines fut torpillé par un sous-marin près du port d’Halifax le 16 avril 1945. Tragiquement, Zbarsky mourut de froid après avoir passé des heures dans les eaux glaciales printanières de l’Atlantique, victime du naufrage du dernier navire de guerre de la Marine royale canadienne pendant la Seconde Guerre mondiale.

Même s’ils étaient parfois considérés membres d’un service inférieur, les marins juifs canadiens participèrent aussi à la bataille de l’Atlantique aux côtés de la marine marchande, la flotte des navires de transport alliés transportant le matériel de guerre essentiel de l’Amérique du Nord à l’Europe. Même si bon nombre de ses membres étaient trop jeunes, trop âgés ou inadmissibles au service militaire, le fait d’être un marin de la marine marchande était l’une des façons les plus dangereuses pour une personne de servir pendant la Seconde Guerre mondiale, car ses navires étaient les cibles privilégiées des Allemands. Plus de 90 marins juifs, dont John Lazarus de Montréal et Somer James de Toronto (qui se vit mériter des décorations pour ses actes de bravoure lorsque le port italien où son navire était amarré fut attaqué par l’ennemi en 1943), servirent en tant que marins marchands pendant la Seconde Guerre mondiale. Au moins 19 de ces hommes perdirent la vie.

Le saviez-vous?

Lorsque l’action devenait intense pendant la guerre, les Canadiens juifs, comme la plupart des militaires, entonnaient souvent avec ferveur leurs prières. Lorsque sa frégate attaqua un sous-marin ennemi en novembre 1944, Ed Rasky de Toronto, préposé à l’infirmerie à bord du NCSM Antigonish pendant la traversée de l’Atlantique Nord, courut à son poste de combat et récita le Shema (disponible en anglais) (une prière juive traditionnelle généralement dite en temps de grand péril) au moment où les grenades sous-marines de son navire de guerre étaient lancées sur la cible.

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