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Histoire - Service des Juifs canadiens au cours de la Seconde Guerre mondiale

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Service dans l’Armée

David et Leo Heaps et leur père,  A.A. Heaps, un député. Photo: Ontario Jewish Archives

David et Leo Heaps et leur père, A.A. Heaps, un député.
Photo: Ontario Jewish Archives

L’Armée canadienne était le plus important corps de l’armée de notre pays pendant la Seconde Guerre mondiale et, comme on pouvait s’y attendre, la plupart des Canadiens juifs qui servirent dans le conflit faisaient partie des quelque 700 000 hommes et femmes qui la composaient. On estime à 10 250 le nombre de soldats juifs qui servirent dans une grande variété de rôles et qui prirent part à tous les grands engagements auxquels les troupes canadiennes ont participé.

De nombreux hommes juifs, comme Murray Bleeman originaire de Toronto, Jack Faibish originaire de Markinch (Saskatchewan), et Max Berger originaire de Sarnia (Ontario) – jeunes et désireux de faire leur part pour aider à vaincre le régime allemand – se joignirent à l’armée canadienne en pleine expansion pendant les premières phases de la guerre. Certains volontaires juifs, dont les Torontois Barney Danson (disponible en anglais) et Ben Dunkelman (disponible en anglais), se retrouvèrent rapidement parmi les troupes canadiennes stationnées au Royaume-Uni pour aider à défendre l’île contre l’invasion, laquelle représentait une menace très réelle en 1940, après que l’Europe occidentale eut été en grande partie conquise par les armées allemandes.

À l’automne 1941, le Canada envoya près de 2 000 soldats à Hong Kong pour aider à défendre la colonie britannique en Extrême-Orient. Celui-ci fut l’un des chapitres les plus sombres de la Seconde Guerre mondiale pour notre pays. Les troupes japonaises envahirent l’île le 8 décembre 1941 et des soldats juifs, comme William Allister (disponible en anglais) de Montréal, Hymie Greenberg de Spedden, en Alberta, ainsi que David Golden (disponible en anglais) de Winnipeg, firent partie des Canadiens qui luttèrent courageusement deux semaines et demie contre un ennemi beaucoup plus nombreux et aguerri avant de finalement devoir se rendre le 25 décembre. Quelque 290 Canadiens, dont Hymie Greenberg, furent tués au combat et les autres, dont William Allister et David Golden, passèrent plus de trois ans et demi dans de durs camps de prisonniers de guerre japonais; une épreuve qui coûta la vie à 260 autres Canadiens avant la fin de la guerre et avant que ces prisonniers ne soient libérés.

La prochaine grande opération de l’Armée de terre canadienne allait aussi avoir des conséquences dévastatrices. Le 19 août 1942, près de 5 000 Canadiens débarquèrent en France occupée sur les plages autour de Dieppe, la ville côtière française. Des soldats juifs, comme David Hart (disponible en anglais) de Montréal, Maxwell London (disponible en anglais) de Toronto et Maurice Waldman (disponible en anglais) d’Assiniboia, en Saskatchewan, participèrent à l’action. Prévu comme un raid pour tester les défenses allemandes, acquérir de l’expérience dans le montage de débarquements amphibies et recueillir des renseignements sur les communications ennemies, cette action se termina en catastrophe lorsque les défenseurs allemands firent payer un lourd tribut aux troupes alliées dès leur débarquement. En fin de compte, 916 Canadiens perdirent la vie lors du raid sur Dieppe et quelque 1 950 autres, dont Maxwell London et Maxwell Waldman, furent capturés et passèrent le reste de la guerre dans des camps de prisonniers de guerre allemands.

L’Armée canadienne tira de précieuses leçons de ces premiers revers, et cette expérience durement acquise commença à porter fruit lorsque nos soldats passèrent à l’action pour la première fois dans le cadre d’une campagne à grande échelle en Europe. En juillet 1943, nos troupes faisaient partie de la force d’invasion alliée qui débarqua en Sicile, une île au sein de la Méditerranée. Il s’agissait du coup d’envoi de ce qui allait s’avérer être 20 mois d’efforts canadiens dans la campagne d’Italie. Des soldats juifs, comme Sam Sheps de Winnipeg, Carl Fried de Glace Bay (Nouvelle-Écosse), et David Devor de Toronto, affrontèrent des défenseurs allemands aguerris dans des environnements exigeants parsemés de plaines chaudes et poussiéreuses, en passant par des montagnes enneigées et accidentées, sillonnées par des vallées de rivières et où toute progression se faisait au prix d’une lutte constante et mortelle.

Les contributions des militaires juifs en Italie auraient pu avoir des conséquences importantes. Mitch Sterlin de Montréal mena une résistance canadienne héroïque près d’Ortona et un bâtiment fut d’ailleurs baptisé en son honneur : le château Sterlin. Une peinture de lui et du « château » qu’il aida à défendre est exposée au Musée canadien de la guerre. Sam Boroditsky, de Winnipeg, était infirmier au sein de l’équipe de commando interarmées d’élite canado-américaine appelée Premier détachement de service spécial ou mieux connue sous le nom de « Brigade du Diable ». Il prit part à l’un des épisodes les plus dramatiques de la guerre lorsque son unité s’empara de Monte la Difensa, une position défensive clé située au sommet d’une montagne allemande du sud-est de Rome, au cours de combats intenses au mois de décembre 1943.

L’un des chapitres les plus célèbres de la Seconde Guerre mondiale eut lieu le 6 juin 1944, date que l’on baptisera plus tard le jour J. Quelque 14 000 soldats canadiens débarquèrent à Juno Beach, en France, dont Fred « Guts » Harris, de Toronto, qui fut le premier à débarquer de sa péniche de débarquement à Bernières-sur-Mer et qui fut immédiatement abattu par les tirs allemands. Le jour J ne fut que le coup d’envoi de la dure bataille de Normandie, laquelle opposait les attaquants alliés tentant d’étendre leur tête de plage en France occupée aux défenseurs allemands déterminés tentant de repousser à la mer les forces alliées.

Joe Gertel, originaire de Montréal, Jack Marshall, originaire de Glace Bay (Nouvelle-Écosse), et Abram « Moe » Arbour, originaire de Narcisse (Manitoba), comptent parmi les soldats canadiens qui participèrent à la libération de la France à la fin du printemps et à l’été 1944. Dick Steele de Toronto (né Moishe Kosowatsky à Montréal) était un dirigeant syndical qui se porta volontaire pour devenir membre d’un équipage de chars d’assaut canadiens, lequel dut faire face à de violents combats pour fermer la brèche de Falaise au mois d’août 1944 pendant les dernières phases du conflit en Normandie. Les Alliés triomphèrent dans la libération de la France, mais Dick Steele ne vécut pas assez longtemps pour voir cette victoire car il fut tué lorsque son char fut touché par un tir allemand le 17 août 1944.

La bataille de l’Escaut fut la prochaine grande action de l’Armée canadienne dans le nord-ouest de l’Europe. Cette lutte sanglante, l’une des plus âpres de toute la guerre, fit rage en Belgique et aux Pays-Bas à l’automne 1944. Le principal port belge d’Anvers avait été capturé intact par les forces alliées et cette installation maritime serait absolument nécessaire pour décharger les nombreux approvisionnements dont les Alliés auraient besoin afin de vaincre les forces allemandes. Le problème était que l’ennemi contrôlait toujours les rives de l’estuaire de l’Escaut, situé entre Anvers et la haute mer. Nos troupes, composées de soldats juifs comme Samuel Moïse « Moe » Hurwitz de Lachine, Québec (un joueur de hockey d’élite), étaient chargées de repousser les forces allemandes de l’Escaut. Il fallut des semaines de durs combats dans un paysage plat sillonné de canaux, de digues et de basses terres inondées pour que nos troupes puissent mener à bien cette importante mission. Le sergent Hurwitz fut tué par balle après être sorti de son char endommagé dans l’Escaut à la fin octobre 1944.

Les Pays-Bas et l’Allemagne furent le théâtre des dernières batailles des soldats canadiens en temps de guerre sur le sol européen à l’hiver et au printemps 1945. La bataille de la Rhénanie vit les forces canadiennes s’engager dans l’Allemagne de l’Ouest au cours d’une série d’opérations qui débutèrent à la fin de février, et la campagne de libération des Pays-Bas battait son plein en avril. C’était le point culminant du conflit pour les forces canadiennes alors que nos troupes libéraient les villes néerlandaises les unes après les autres dans ce pays en proie à de longues souffrances et lequel avait été occupé par les forces allemandes pendant presque cinq ans. Bien que la guerre ait fait des ravages sur nos soldats jusqu’à la fin, les vétérans juifs, comme Gerald Levenston (disponible en anglais) de Toronto, parlèrent du soulagement et de la satisfaction qui accompagnèrent la reddition des Allemands. Le lieutenant-colonel Levenston se vit confier la tâche de représenter le Canada lors d’une cérémonie de reddition le 5 mai 1945. Il eut également l’occasion d’instruire sèchement les troupes allemandes vaincues dans sa région sur « ce qu’elles pouvaient et ne pouvaient pas faire ».

Le saviez-vous?

Les Juifs ont occupé une grande variété de postes dans l’armée canadienne, certains d’entre eux n’étant pas ce à quoi on pouvait s’attendre d’un soldat en uniforme. Johnny Wayne et Frank Shuster, deux jeunes humoristes juifs de Toronto, s’enrôlèrent en 1941 et s’amusèrent à divertir les troupes à la fois dans le « Canadian Army Radio Show » diffusé de Montréal et dans des émissions de variétés en direct au Canada et au Royaume-Uni. Après le débarquement des Alliés en Normandie en 1944, ils furent rapidement envoyés en tournée dans le nord-ouest de l’Europe avec leur spectacle judicieusement baptisé « Invasion Review » où ils cherchaient à amuser des troupes fatiguées désireuses de se libérer du stress du front.

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