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John Ko Bong



John Ko Bong a aidé le premier ministre de Colombie-Britannique, John Hart, à exercer des pressions en vue de faire entrer les Chinois dans l'armée et il a fait partie de l'Opération Oblivion (oubli). « Transcription de la vidéo

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Wesley Lowe (Intervieweur)

Même à plus de quatre-vingt-dix ans, John Ko ressent toujours autant de fierté à l’égard de son service dans les forces armées. Toutefois, avant de se porter volontaire pour faire son service, il a dû se battre pour obtenir la possibilité de le faire.

John Ko Bong (Interviewé)

On avait mis en place la conscription et tous les jeunes garçons de 17 ans recevaient leur ordre de mobilisation et devaient immédiatement se présenter pour effectuer leur service militaire. La communauté chinoise nous a dit que nous étions… que nous étions, moi et Roy, les chefs de l’association des jeunes de l’époque. Et nous avons fait une… une grande réunion publique pour décider quel camp nous devions choisir. Allions-nous combattre avec… aux côtés des Canadiens? Ou allions-nous rester assis les bras croisés (rires) en laissant les soldats canadiens se battre à notre place?

Donc, avec Roy, nous avons décidé que nous n’allions pas rester assis sans rien faire; nous ne voulions pas que les gens pensent qu’on était trop jaune pour combattre. Nous nous sommes donc rendus au Canadian Scottish Regiment posté dans le manège militaire de Bay Street et c’est là que nous nous sommes engagés.

En fait, à l’époque, tous… tous les soldats de la force active allaient à Vernon. Le camp de base s’y trouvait, et nous nous sommes entraînés… entraînés là-bas pendant deux mois. Puis, vous suivez l’entraînement de base, suivi par l’entraînement spécialisé à la fin duquel on vous affecte à une unité et… Je pense que j’ai fait mon entraînement à Toronto. Certains retournaient le faire dans l’Est. On m’a alors transporté jusqu’à l’unité d’infanterie où j’avais été affecté.

Après que j’ai terminé ce qu’ils appelaient l’entraînement spécialisé, je suis reparti avec les soldats canadiens vers l’Est pour… pour… pour l’Angleterre et l’Europe, pour le jour J, et après j’étais de retour à Toronto, allongé sur ma couchette – vous savez comment sont les lits superposés à deux couchettes? Oui. Il s’agissait bien plus de « raconter des conneries », comme on dit (rires)), aux autres soldats à partir de la couchette du haut, que de dormir. Et, un message m’est parvenu, « John, tu es... tu es, tu... dois... tu dois aller au... aller au bureau tout de suite et récupérer ton billet de train pour Toronto. » J’ai donc été cherché mon billet, je suis retourné à Toronto, et ils m’ont dit, « Et bien, vous vous présenterez à … à cet endroit. »Je suis descendu dans une sorte d’hôtel… en haut des escaliers (il se frotte le nez). Là je suis passé devant une première pièce, une deuxième comme ici, une pièce de réception et puis, puis les officiers qui se trouvaient à l’intérieur m’ont dit « Et bien, tu… tu pars en service spécial. » J’ai demandé « Oh, comment est-ce possible? » Vous voyez, je croyais qu’on allait m’envoyer en Angleterre, j’étais… j’étais tout excité… à l’idée de me préparer pour partir outre-mer à destination de l’Angleterre et de la France, n’est-ce pas?… Voir le… voir un peu de pays.

Il m’a dit, « Non », il a dit, « Tu es… tu parles chinois et tu sais lire le chinois, tu vas dans le groupe du renseignement. Prépare tes affaires pour aller à Hong Kong. » Et là j’allais avec des soldats que je connaissais, n’est-ce pas? (rires) À ce... ce... au camp, au camp Oblivion (oubli).

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Wesley

L’Opération Oblivion (oubli) regroupait treize Sino-canadiens qui avaient été sélectionnés pour se rendre derrière les lignes ennemies en Chine pour renverser les Japonais. Les chances de survie du groupe étaient très minces, avec le nom de code Oblivion (oubli). Toutefois, à peine quelques semaines avant qu’on ait pu les parachuter, Hiroshima et Nagasaki furent bombardées, obligeant les Japonais à se rendre et modifiant les termes de l’Opération Oblivion (oubli).

John

Lorsqu’ils ont déclaré la fin de la guerre, tout le monde était content et a applaudi et tout et tout. Nous étions tristes de rentrer à la maison, mais nous étions plutôt contents à l’idée qu’on nous envoie dans le Nord, parce que nous allions pouvoir nous rendre utiles pour accueillir les prisonniers de guerre qui avaient été détenus par les Japonais.

Donc, nous avons installé un grand camp à Manille pour recevoir les prisonniers de guerre, qui étaient en majorité des Britanniques; et ils avaient été enfermés dans des camps de prisonniers au Japon. Et ils étaient, pour certains d’entre eux morts de faim, mais ceux qui marchaient, qui du moins en étaient capables, sont arrivés jusqu’au camp de réfugiés où nous étions, que nous avions installé. Et ils étaient là, ils n’étaient pas beaucoup, peut-être deux mille, n’est-ce pas? Et ils étaient… ils venaient en marchant tels des squelettes humains. Mon Dieu! Quand je les ai vus, j’ai crié « Bon sang! » On ne leur voyait (ses médailles tintent) que la tête et les côtes, vous savez, ils avaient des jambes toutes maigres, ils n’avaient que la peau sur les os. Et j’ai dit « Bon sang! » J’ai demandé « D’où ces hommes arrivent-ils? » Il m’a dit, « Oh ils viennent d’être re… relâchés du camp de prisonniers de guerre japonais. »

Cela fait partie de la grande, de la grande satisfaction, pourrait-on dire, que nous avons été capables d’apporter et aussi de ressentir, avec le plaisir que représente le fait d’avoir vécu cette expérience, en le… en le faisant, n’est-ce pas? Finir le travail et, ce que ça représentait, de dire que nous étions, que nous étions devenus Canadiens parce que nous l’avions mérité, nous avons réussi; nous avons contribué à créer cela, oui tout à fait, pour les Chinois et les Chinoises d’ici.

Saviez-vous?

Saviez-vous que les prénoms de John Ko et de ses frères, Matthew, Mark et Luke, étaient issus des évangiles du Nouveau Testament?

Droit d'auteur ou de reproduction

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Interviewé : John Ko Bong

Durée : 5:37

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