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Roy Mah



Roy Mah est considéré comme un pilier de la communauté sino-canadienne. Il s'est battu pour le droit de vote des Sino-Canadiens avant de participer à l'effort de guerre. Il a aussi défendu l'idée d'une politique canadienne multiculturelle par l'entremise de son magasine avant-gardiste, le Chinatown News. « Transcription de la vidéo

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Ramona Mar (Intervieweuse)

Presque tout le monde connaît cet homme humble et sobre qui arpente les rues du Chinatown de Vancouver. Cela s'explique par le fait que pendant quarante-deux ans, Roy Mah a été l'éditeur du premier magasine d'actualités canadien de langue anglaise destiné aux Sino-Canadiens et aux Sino-Canadiennes, ce qui lui a permis de gagner le respect de la communauté, grâce au dévouement sans borne dont il a fait preuve pour un Canada juste et multiculturel. Cependant, beaucoup de gens ignorent que Roy a commencé à se passionner pour l'égalité lorsqu'il n'était encore qu'un jeune homme.

Lorsque la Seconde Guerre mondiale a éclaté, une controverse est née aussitôt concernant la question de l'engagement des Sino-Canadiens pour combattre aux côtés d'un Canada qui ne leur accordait même pas le droit de vote. Une faction défendait l'idée que les Sino-Canadiens devraient d'abord obtenir le doit de vote AVANT de se porter volontaires pour partir à la guerre. Roy pensait le contraire.

Roy Mah (Interviewee)

J'étais à la tête de l'autre faction et nous nous sommes opposés aux autres pour la raison qui suit. La communauté chinoise était à l'époque bien trop réduite. Vancouver ne comptait au total que sept mille Chinois, et seulement deux cents d'entre eux avaient l'âge requis pour devenir militaires. L'ensemble de la population canadienne ne comptait que trente mille Chinois environ, parmi lesquels moins de mille avaient l'âge requis pour devenir militaires. Ce nombre ridicule ne permettait pas d'exercer une pression suffisante sur le gouvernement pour lui faire accepter une quelconque revendication. J'ai donc défendu l'idée qu'il valait beaucoup mieux saisir cette occasion en or pour s'enrôler immédiatement et partir servir le Canada afin de prouver aux Canadiens et aux Canadiennes ainsi qu'au gouvernement canadien que nous étions nous-mêmes des Canadiens loyaux, nés. nés au Canada, et que nous méritions d'avoir les mêmes droits et le même statut. Et, que lorsque nous reviendrions de la guerre, nous posséderions alors le crédit nécessaire pour réclamer nos droits. Notre faction est sortie victorieuse de la controverse, et un grand nombre d'entre nous se sont enrôlés dans l'armée.

Ramona

Au moment où la guerre s'est concentrée sur l'agression japonaise en Asie, Roy avait été promu au grade de sergent et il avait été choisi pour diriger un contingent de cent neuf hommes, tous Sino-Canadiens, ayant pour mission de combattre les Japonais derrière les lignes ennemies sur le front malaisien-singapourien. La Force 136 obéissait aux ordres de Lord Louis Mountbatten.

Roy

En Malaisie et à Singapour, un tiers de la population était chinoise, et on avait donc besoin de faire passer des Chinois en avion derrière les lignes ennemies afin d'organiser des mouvements de guérilla. Vous savez, il s'agissait de coordonner des actions en faisant participer la population locale afin d'harceler les Japonais. C'est la raison pour laquelle, à l'époque, on voulait faire appel aux services des Sino-Canadiens.

Comme vous le savez, ceux d'entre nous qui se sont portés volontaires, sont partis outre-mer, et, vous savez, nous avions même une prime de risque, avec 200 dollars supplémentaires, en raison de la nature du travail que nous devions accomplir. En fait, parmi toutes les choses qu'on nous a remises pour notre mission, il y avait deux comprimés de cyanure. On nous a expliqué que si nous nous faisions capturés et que les Japonais nous interrogeaient afin d'obtenir des informations sur les Forces alliées, et qu'à cette fin ils décidaient de nous torturer, et que nous n'arrivions pas à le supporter, il nous suffisait de les avaler.

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Ramona

Roy a suivi un entraînement de dynamiteur et il a attendu aux côtés des autres membres de la Force 136 jusqu'à ce qu'on leur donne l'ordre ultime de sauter en parachute pour pénétrer en territoire ennemi.

Roy

Pour être tout à fait honnête avec vous, lorsque j'ai reçu mon ordre de mission qui m'informait que je partais quatre jours après, j'ai eu très peur et j'étais rempli d'appréhension. Vous devez vous rendre sur un territoire qui est occupé par l'ennemi, où vous n'avez que des Japonais, où vous pouvez très facilement vous faire prendre, mais le sens du devoir, vous savez, vous aide à en faire fi.

Ramona

Malgré sa préparation et son entraînement, le groupe de Roy a été épargné, sa mission ayant été suspendue avec l'explosion de la bombe atomique. C'est un jeune homme très heureux et soulagé qui est revenu chez lui au Canada, après avoir fait son devoir, avec l'espoir d'obtenir le droit de vote pour ses compatriotes.

Roy

Nous étions vraiment très heureux de pouvoir faire quelque chose pour la communauté chinoise. Pendant que nous étions partis outre-mer, la communauté chinoise avait même déjà commencé à exercer des pressions sur le gouvernement. Ils n'avaient de cesse d'alléguer : « Regardez nos fils! Regardez avec quelle volonté ils sont prêts à sacrifier leurs vies pour notre pays, et pourtant vous refusez encore de nous reconnaître le statut de Canadiens. Combien de preuves supplémentaires de notre loyauté vous faut-il pour vous prouver que nous sommes sincères? » Et ils présentaient des notes au gouvernement, ils faisaient pression sur les différents politiciens et ainsi de suite. Donc, quand nous sommes revenus, nous ressentions une certaine fierté à l'idée d'avoir été capables d'accomplir quelque chose, car si ça n'avait pas été pour nous, nous ne l'aurions certainement pas obtenu si rapidement.

Ramona

Fort de l'expérience qu'il a vécue pendant la Seconde Guerre mondiale, Roy a passé le reste de sa carrière comme journaliste à façonner le Canada multiculturel que nous connaissons aujourd'hui. Les sujets dont traitait son magasine le Chinatown News l'ont été dans une perspective sino-canadienne empreinte de fierté.

Roy

Je sais qu'on ne peut pas toujours obtenir tout ce qu'on voudrait dans la vie, mais on peut toujours atteindre l'objectif qu'on s'est fixé. C'est pour cette raison, que j'ai toujours voulu me battre pour défendre une cause, et qui plus est une cause juste. Combattre pour la liberté civile, pour des droits égaux et pour une société plus juste. Comme vous le savez, c'est devenu aujourd'hui une réalité, c'est juste une question de vie quotidienne. Vous savez, toutes ces personnes qui profitent aujourd'hui de ces droits et privilèges, pour lesquels nous avons dû nous battre avec tant d'acharnement.

Saviez-vous?

Saviez-vous que Roy Mah a ouvert un débat très émouvant dans lequel il a défendu l'idée que les Sino-Canadiens devraient d'abord prendre part à la guerre s'ils voulaient ensuite obtenir le droit de vote?

Droit d'auteur ou de reproduction

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Interviewé : Roy Mah

Durée : 6:24

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